Biographie

Biographie d’Alexandre Guhl (1929-1998)


Alexandre Guhl est né à Montreux le 29 mars 1929. Il est le fils de Henri Guhl, avocat et fondateur de l’Office du tourisme du canton de Vaud, et de Henriette Bessard, parents dont il hérite le goût du dessin et de l’art.

Affichiste et graphiste durant une trentaine d’années, Alexandre Guhl entre dans la carrière par de sérieuses études à l’Ecole cantonale des Beaux-Arts de Lausanne. Il y sera l’élève d’illustres professeurs tels qu’Henry Bischoff, Casimir Reymond et surtout Marcel Poncet dont il suit assidûment les cours de peinture. C’est d’ailleurs dans cette section qu’il obtiendra par deux fois la distinction d’une mention.

Guhl expose pour la première fois dans le cadre des « Salons des Jeunes », panorama de la jeune peinture suisse romande qui se déroule à Montreux en 1947 et 1948. Ses premières oeuvres attirent aussitôt l’attention de René Auberjonois qui l’invite à persévérer, lui prodigue son amitié et, rare privilège, lui ouvre sans restriction les portes de son atelier du Grand-Chêne à Lausanne. Certificat et diplôme en poche, Guhl rend une dernière visite au vieux maître malade, qui l’encourage vivement à découvrir Paris, la lumière de son ciel, ses musées.


Conseils d’Auberjonois

« Oubliez un peu ce que vous avez appris à l’école; méfiez-vous de l’habileté et au besoin dessinez de la main gauche », lui-dit-il.
De retour en Suisse après avoir prolongé son séjour grâce aux sous gagnés en « croquant » des soldats américains sur les terrasses des cafés, Guhl participe à diverses expositions à Lausanne avant de se voir honoré d’une invitation à exposer certains de ses travaux à la fameuse Triennale de Milan aux côtés de Sergio Ponti.
En 1954, il est lauréat du concours organisé par la Gazette littéraire devant 53 concurrents. Le commentaire de l’époque rend hommage à « un travail particulièrement harmonieux, révélant la finesse du trait pour les dessins et la qualité du style pour le texte ».


Talent protéiforme

Mais durant de longues années, c’est la profession d’affichiste et de graphiste que Guhl exerce en priorité. Il faut bien nourrir sa famille…
Le Montreusien épouse la Gruérienne Marie-Jeanne Barbey le 4 janvier 1962, ce qui leur vaut le titre de premiers mariés de la nouvelle commune de Montreux. Elle lui donne deux fils, Christian et Jacques, nés en 1962 et 1963.
Son métier sollicite le talent et l’imagination d’Alexandre Guhl dans des domaines aussi variés que l’aéronautique, la banque, le commerce, l’hôtellerie, l’industrie, la mode, la musique, le théâtre, la télévision, le tourisme etc.
Durant cette période particulièrement féconde, il signe également de nombreuses décorations murales, des illustrations, des pages humoristiques pour des hebdomadaires tels que « Pour tous » et « L’lllustré ». Il enlève également de prestigieux concours d’affiches comme ceux de la Loterie romande ou du cartel des brasseries suisses et se voit confier la création des vitraux de la chapelle de Chabrey dans le Vully vaudois. Si l’on ajoute qu’il fut également décorateur de plateau pour diverses émissions de chaînes suisses et françaises de télévision, on mesurera mieux toutes les ressources de son talent.


« Come-back » réussi

Dès le début des années 1980, Guhl se remet à la peinture avec beaucoup de succès, vendant quasiment toutes les oeuvres exposées à chaque exposition. Et ce parallèlement à de nombreux voyages qui l’inspirent, et à une autre activité tout aussi noble: la vinification du produit de ses vignes de Pallens. A quelques pas de la Maison Visinand, dont une des salles d’exposition porte désormais son nom… Son buste en bronze, signé Bernard Bavaud en 2004, se trouve à l’entrée de ce centre culturel qu’il appréciait beaucoup et où il avait exposé.


« Rêve et fantastique »

A la réalité des gens et des choses, Guhl a toujours dit préférer l’idée qu’il s’en faisait. A-t-il dès lors réussi à structurer son esprit pour éliminer ce qui le conditionnait? Telle semble bien être la voie choisie par l’artiste montreusien, suscitant cette remarque de Jean-Louis Rebetez: « Guhl, dépassant les limites du monde réel, en profite pour explorer d’autres frontières qui sont celles du rêve et du fantastique. » Jacques Chessex l’a pour sa part comparé à son maître Marcel Poncet en ces termes (VOIR, 1990) : « C’est aussi une peinture très matérielle, et je n’oublie pas qu’aux Beaux-Arts, Alexandre Guhl, outre de grands artistes (Henry Bischoff, Casimir Reymond) a eu comme maître Marcel Poncet, qui n’a pas manqué de lui donner l’exigence et le goût de la somptueuse matière traitée et retravaillée en profondeur. Mais voyez, s’il y a filiation dans la reconnaissance et le respect, le peintre dont je parle ici a choisi son cours naturel : Poncet inclinait au têtu sombre, Alexandre Guhl est mieux fait pour la plénitude et l’allégement. Son œuvre le dit avec la cohérence bienvenue et féconde de l’accord au monde. »

Alexandre Guhl s’endort le 7 septembre 1998 dans son lit de Pallens pour ne jamais se réveiller, à l’âge de 69 ans. Il n’a jamais été à l’hôpital, et cette nuit fatale est l’une des seules en 37 ans qu’il ne passe pas en compagnie de sa chère épouse et muse, Marie-Jeanne…
Son dernier tableau, commencé la veille de son décès, représente une vigne sur laquelle flotte un étrange nuage.


Bibliographie:

« Alexandre Guhl, monographie et bloc-notes du peintres », Editions Art-Top, 1992. Textes de Jacques Chessex et Christophe Gallaz notamment.
« Nouvelles », 2004. La nouvelle «
La croisière immobile » a été publiée en 1996 par les Editions de l’Hèbe
en coédition avec le magazine Coopération
dans le livre collectif « Récits de voyage – rencontrer l’autre ».
Cet ouvrage réunissait dix nouvelles primées (sur 230 envois de toute la Suisse romande) par un jury que présidait l’écrivain voyageur Nicolas Bouvier,
dans le cadre d’un concours littéraire mis sur pied par Coopération.

http://www.rts.ch/archives/radio/societe/chemins-de-terre/9291160-alexandre-guhl.html

 


Distinctions :

Médaille de vermeil « Arts-sciences-lettres » à Paris en 1993
Grand officier de l’Ordre belgo-hispanique à Bruxelles en 1993
Croix d’argent du mérite et dévouement français à Paris en 1994